Bienvenue dans le vingt-huitième numéro de notre série exclusive "Portrait d'Artiste".
Nous avons eu le plaisir de rencontrer Arnaud, un artiste musicien et photographe passionné qui se spécialise principalement dans l'argentique et le noir & blanc, tout en pratiquant de nombreux instruments de musique. Venez le découvrir à travers cette interview captivante.
EDITION N°28 - A la rencontre d'Arnaud
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Arnaud Ivanovitch, je suis artiste photographe et musicien, j’ai 42 ans et je suis né à Sens près de Paris dans l'Yonne. Une partie de ma famille s'est installée en Auvergne après la guerre civile et la révolution bolchevique, une partie étant originaire de Bourgogne où le lien à la terre est essentiel.
Comment as-tu découvert ta passion ?
Mon premier vrai appareil photo, un Любител 166-У, m'a été offert par mon père. C'était un appareil qui faisait des photos carrées, l'un des derniers modèles sortis des chaînes de production à Krasnogorsk.
En musique, j'ai débuté le violoncelle enfant et joué un peu de piano grâce à ma mère. Mon grand-père jouait de la vielle à roue, de façon conventionnelle, et moi j'en jouais comme je pouvais, je n'avais pas 10 ans. J'écoutais beaucoup de musique avec mes parents, ma mère aimait les chœurs Cosaques, le classique, Bach, Schubert etc. tandis que mon père était plus jazz, Errol Garner, Sinatra. La musique était assez compartimentée, avec ma mère plutôt orientée classique et romantique, et mon père vers le Jazz.
Quel message souhaites-tu faire passer au travers de ton art ?
Si je devais en retenir un seul, ce serait que la musique ou la photographie, pour être véritablement inspirantes, doivent nous laisser une part de mystère qui enrichit nos journées et éveille l'émerveillement.
Qu’est-ce qui influence ton style personnel ?
Quand je joue, il m’arrive de mêler des pièces de Bach avec des touches de Jazz, créant ainsi une fusion entre ces deux genres. Je joue parfois le célèbre Menuet en Sol ou l'Aria.
En photographie, ma mère m’a offert un livre de Robert Doisneau alors que j’étais à l’hôpital pour mes maladies auto-immunes, ainsi qu’un livre de photographies de nuit magnifiques. Elle m’a toujours proposé des ouvrages de grands maîtres du noir et blanc pour m’enrichir intellectuellement et stimuler mon intérêt.
Il m’arrive de mêler des pièces de Bach avec des touches de Jazz, créant ainsi une fusion entre ces deux genres.
Y a-t-il un moment particulier dans ta vie qui a été décisif pour ta carrière ?
Il y a eu un déclic qui m’a poussé à devenir musicien dans les restaurants de manière beaucoup plus intensive, ainsi qu'à devenir photographe. J'aidais une association, le Club de Chance, principalement composée de femmes russes et ukrainiennes, en organisant des concerts caritatifs pour soutenir des orphelinats, notamment en Russie, en Ukraine et en France. J'ai pris énormément de photos lors de ces soirées rétro où les femmes étaient habillées comme dans les années folles, dansant le charleston. La présidente de l’association, Tatiana, m'a permis de jouer au Normandie, ce qui m'a ensuite amené à jouer à l’ambassade des Tsars.
As-tu une anecdote à nous raconter ?
J'ai photographié à la Cathédrale orthodoxe Saint Alexandre Nievsky près du métro Courcelles une Divine Liturgie pour commémorer le centenaire de la guerre civile (1917-2017). Des descendants de généraux cosaques y étaient, il y avait un chœur puissant dirigé par le Protodiacre Kedroff. On rendait hommage aux combattants de la révolution bolchévique. Cela m'a évoqué mon grand-père, qui aurait été surpris de me voir là. Il aurait apprécié cette cathédrale. Cette expérience m'a marqué en me rappelant mes origines et l'importance de ne pas oublier nos racines. J'ai pensé aux innocents tombés lors de la guerre civile et à mon grand-père, qui aurait souhaité que nous perpétuions nos traditions. C'est là que j'ai décidé : continue à chanter, interprète les chants cosaques pour rappeler le courage des combattants, et n'oublie jamais nos origines. Il est important de rester connecté à son passé car nous venons tous de quelque part et avons tous une histoire.
Quelle est ton œuvre préférée et pourquoi ?
La Bible, plus particulièrement le Nouveau Testament, est ma première œuvre favorite. Ma deuxième est la messe célébrée par les orthodoxes : la divine liturgie de saint Jean Chrysostome. C'est une œuvre magnifique car elle nous enseigne l'émerveillement, la reconnaissance de nos péchés et la prière pour les autres, la prospérité des récoltes et pour le pays et ses dirigeants, les malades, les défunts, et tous les hommes de bonne volonté. C'est quelque chose d'universaliste. Cette liturgie nous apporte aussi un moment de paix où l'on écoute le cœur chanter, où le prêtre et le diacre récitent les prières, nous reconnectant ainsi à l'essentiel, ce qui est merveilleux.
Est-ce que tu as des projets à venir ?
J'ai récemment rencontré un banjoïste magnifique et j'aimerais beaucoup avoir l'opportunité de jouer avec lui. En outre, je souhaite contribuer à faire évoluer la législation régissant la musique dans les restaurants, spécifiquement en permettant aux établissements moins bruyants d'autoriser la musique en terrasse. Cela faciliterait grandement notre rémunération, souvent basée sur les pourboires. Je propose la création d'une carte réglementée similaire au pass culture, offrant aux musiciens la liberté de jouer légalement, en dehors de la Fête de la Musique.
Si tu devais nous donner une citation qui te représente ce serait quoi ?
"Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu." des Pères de l'Église.
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